COLLOQUES

Les objets de l'exil
20, 21 et 22 novembre 2008
Université de Montréa

Temporalités de l'exil
15, 16 et 17 février 2007
Université de Montréal

Éloge de la créolité : 15 ans après
23 septembre 2006
Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Penser le nomade aujourd'hui
16 et 17 novembre 2005
Université de Montréal

Femmes et exil : figures et pratiques
10, 11 et 12 mars 2004
Université d'Ottawa

Approches de l'outre-langue
23 et 24 mars 2003
Université de Montréal

Les nouvelles figures de l'exil
70e congrès de l'ACFAS
Université Laval
13 et 14 mai 2002

Poésie, terre d’exil
Rencontres internationales avec Salah Stétié
5, 6 et 7 novembre 2001 à la Maison de la Culture Côte-des-neiges

 
 
 
LES NOUVELLES FIGURES DE L'EXIL
 
descriptif   programme  synopsis  
 


Salah BASALAMAH
Les nouvelles formes de l’exil

   L'exil, en-deçà de la biographie et de la géographie, est un autre exil; ce sont d'autres formes d'exil. Il s'agit, en détournant son attention de l'histoire du sujet écrivant, de se concentrer encore plus résolument vers le texte et ses réfractions, de découvrir dans la littérature les projections aussi bien métaphoriques qu'historiques de nouvelles expressions exiliques, dont l'exil spirituel, entre autres.
  Par ailleurs, si les nouvelles formes de l'exil présentent des caractéristiques propres au monde contemporain, cela est en partie dû au phénomène de mondialisation et de réduction, voire d'annulation, des dimensions spatio-temporelles.
  Au fond, il s'agit de déceler, dans le palimpseste des déchirures - reflétées par les récits ou les poèmes - entre les principes incarnés dans les plis du passé et leur absence dans ceux du présent, les traces d'un exil de principe par rapport à une exigence éthique.
  Je m'efforcerai donc d'étudier des oeuvres d'auteurs comme Goytisolo qui, dans sa tentative de retour sur les traces de l'héritage andalous ou mauresque, tente de retrouver les failles qui l'exilent de sa réalité présente en vue de peindre une utopie que seule la littérature est capable de reproduire. Je m'appuierai entre autres sur le concept d'héritage tel que développé chez Jacques Derrida (Spectres de Marx, Points de suspension et L'écriture et la différence).

Aurélia KLIMKIEWISCZ
Le « brouillon » de l’exilé

  L’histoire de tout exilé commence par une rupture avec le lieu d’origine et l’anonymat auqel il est condamné dès qu’il s’établit ailleurs. Incapable de se détacher de la terre natale et incapable de se soumettre entièrement à la culture de l’autre, il occupe un chronotope de l’entre-deux, entre ici et ailleurs, entre avant et maintenant, entre le réel et l’imaginaire.
  Sans l’appartenance linguistique et culturelle fixe, l’exilé écrit le « brouillon » qui représente, selon Kristeva, le « passage de l’expérience au texte » qui est « ni origine ni accomplissement » (« L’autre langue ou traduire le sensible », dans L’amour de l’autre langue : 169), une écriture inachevée qui ne cesse d’inventer un « je » narratif éclaté et pluriel.
Quelle est donc la spécificité de cette écriture-brouillon ? Nous analyserons les textes de Gombrowicz (la prose), de Mrozek (le théâtre) et de Brodsky (la poésie) pour examiner les stratégies d’écriture employées, la représentation du temps et de l’espace, le choix de symboles et le travail du rêve ou de la mémoire à l’oeuvre.
  Comme le brouillon reste pour toujours inachevé, tout comme l’exil lui-même est un processus soumis au dynamisme, à la transformation, à l’imprévisible, nous essayerons de voir par quel moyen l’exilé aboutit à se réconcilier avec la souffrance, le déchirement et la nostalgie.
  Un autre aspect qui nous intéresse également, c’est de saisir l’impact de l’écriture des exilés dans les sociétés contemporaines confrontées de plus en plus souvent au problème de l’altérité. Si l’écriture de l’exilé est nourrie par l’expérience individuelle et non par la pensée universaliste, elle ouvre peut-être une zone de dialogue et d’échange, un terrain de médiation où tout individu, quel que soit son âge, son sexe, son identité culturelle et religieuse, pourrait trouver des mots pour se dire et pour se faire entendre par les autres.


Danièle MARCOUX
« Notre Amérique : de la tour Eiffel au port de Mariel »

  Cerner les contours des nouvelles figures de l’exil, dans un contexte de mondialisation, implique la mise en perspective de certains des éléments socio-historiques qui, de tout temps, semblent avoir déterminé la condition de l’exilé. Qu’il s’agisse de persécution religieuse, politique ou fondée sur l’orientation sexuelle, l’histoire fournit de nombreux cas de figures d’exilés. Est-ce à dire pour autant qu’elles sont nouvelles ? Une incursion dans la littérature cubaine des XIXe et XXe siècles permettra de réfléchir à cette question, sur la base de certains textes de José Martí (1853-1895), Reinaldo Arenas (1943-1990) et Zoé Valdés (1959- ). Les expériences personnelles d’un ardent défenseur de l’Amérique hispanique, d’un homosexuel victime du SIDA et d’une jeune femme vivant à Paris peuvent-elles être considérées comme autant de trajectoires historiques propices à l’émergence de nouvelles figures de l’exil ?

Ghada OWEISS
« Bal, balbala : esquisse d’une définition des nouvelles formes de l’exil »

  À l’ère de la mondialisation, à l’aube d’un nouveau millénaire il s’avère nécessaire de discuter les nouvelles formes de l’exil : le post-exil et la diaspora. L’étude se propose d’examiner quelques notions cruciales qui jettent la lumière sur l’identité du sujet postmoderne : mobilité, déplacement, désordre, altérité, autochtonie perdue et détruite par la modernité. Il s’agit donc de répondre à des questions tels que : comment l’exilé s’institue comme sujet? Quelle place occupe-t-il dans la société d’accueil? Habiter un lieu, constitue-t-il un critère d’identité? Comment se conçoit l’identité? Le lieu d’origine est-il critère d’identité Quelle figure prend l’écrivain gisant entre deux identités? Quel itinéraire suit le sujet post-exilé?
  L’examen des procédés de l’écriture chez Joel Des Rosiers, « poète apatride » et figure post-exilique par excellence, inscrit sa poésie dans le courant post-moderne ou post-colonialiste. D’une part une poétique « nomade » à la limite de l’inscription et de l’effacement se base sur trois paramètres : prépondérance de l’espace et des lieux, indétermination géographique, intertextualité, d’autre part un sujet « nomade » non seulement gisant dans un espace paradoxal, un espace de médiation, un tiers-espace, zone de tension entre la périphérie et le centre, mais encore effacé des deux sémiosphères celle du soi et celle de l’autre. Il s’agit de définir la forme d’altérité qu’épouse ce sujet nomade, de dessiner les contours d’une zone, jusqu’ici mal éclairée par les travaux de recherche actuels, zone de tension placée entre celle de l’exil et celle du dialogue.

Nellie HOGIKYAN
« L’imaginaire post-exilique dans la production culturelle de la diaspora : l'exemple dans le cinéma canadien ».

  À l'âge de la mondialisation et du déplacement, l'imbrication des nations et des ethnies ainsi que la fluidité des communications transnationales rendent de plus en plus complexe la théorisation de la diaspora et de l'exil. Les diasporas comportent des vagues et des couches de migrants multiples et mouvants et la production culturelle des artistes diasporiques se caractérise avant tout par le pluriel, l'hétérogène, le contradictoire. Les différentes générations de la diaspora n'expriment pas l'identité de la même manière ; la situation se complique davantage lorsque des membres de la diaspora d'une même génération, issus de pays différents, font partie de vagues d'immigration différentes. Tel est le cas dans le film Calendar de Atom Egoyan (1993), où les deux protagonistes principaux se comportent différemment face à la question de l'origine. Calendar a été identifié par les critiques comme un film appartenant au genre cinématographique exilique, un film qui serait une re-présentation, une re-construction de quelque chose de perdu -le pays d'origine, la langue maternelle. J'aimerais dans cette communication montrer que le film ne se limite pas aux phénomènes de l'exil. Certains aspects de Calendar dépassent la mentalité de l'exil et s'inscrivent plutôt dans un imaginaire que j'appelle post-exilique. En faisant intervenir des théories post-modernes et post-coloniales, il sera question de différencier l'imaginaire post-exilique de celui exilique tels que présentés dans Calendar.

Marie JO DES COEURS
« La rhétorique de l’exil dans Roses des sables d’Hédi Bouraoui »

À la fois fantaisiste et charmant, le poème-conte Roses des sables (1998) d’Hédi Bouraoui est une transposition de préoccupations sociales liées à l’exil dans un langage poétique de la modernité. Contrairement à plusieurs auteurs migrants pour qui l’exil est source de douleur et d’exclusion comme chez Abla Farhoud, dans le recueil de Bouraoui, l’exil, la migrance se constituent plutôt en expérience positive et enrichissante. Une analyse rhétorique du recueil permettra de cerner le discours migrant à la fois par sa lexicologie, ses métaphores et sa poétique. Ainsi, nous nous attarderons sur l’expression du discours migrant, en particulier sur les mécanismes responsables des connotations positives de l’expérience de l’exil; les champs sémantiques (cf Jaubert, 1990) qui sont liés soit à «l’exil», à la «terre d’accueil» et à l’expérience du déplacement contribuent à tout un réseau figuratif (cf Meyer et Lempereur 1990; Forget 2000) de la migrance qui rejoint le thème de l’écriture, du «Verbe». De par son originalité et sa richesse, le poème-conte Roses des sables donne une couleur nouvelle à la littérature du Canada francophone par le biais de la littérature migrante; notre analyse a pour objectif principal de mettre en lumière la «voix» identitaire à travers les choix rhétoriques qui confèrent une originalité certaine à cette oeuvre.


Walt GUDRIAN
« Elias Canetti - figure "post-exilique"? »

La figure de l’exilé, produit de la mondialisation, semble déranger l'image de l’homogénéité de la société contemporaine. Pour aller contre cette atmosphère préoccupante et insécure, la société met en disposition la création de la conscience intersubjective et culturelle par des écrivains ou des producteurs du discours, souvent eux-mêmes issus de l'identité hybride ou multiculturelle. Une analyse détaillée des concepts clés surlesquels se basent la définition des formes de l’exil sera mise au point.
Une étude plus spécifique portera sur les procédés d’expression littéraire d'Elias Canetti, écrivain juif s’exprimant en langue allemande. Il s’agit de se demander sur la conception de l’exil chez Canetti : quelle distance prend-il vis à vis de la société d’accueil? Quels signes de modernité se révèlent dans le texte? Canetti peut-il être considéré comme une figure "post-exilique"?


Alexis NOUSS
« Le centre et la frontière »

  L’absence de centre est volontiers proclamée dans les études
post-coloniales. Mais si la notion est effacée, comment distinguer entre
mêmeté et altérité, entre le soi et l’autre, distinction nécessaire pour parer
à l’effacement dans le fusionnel ?
  La notion de frontière, vue comme seuil et non comme barrière, se
propose alors pour rendre compte d’une identité définie non par rapport à
un centre ou à une fondation mais par rapport à ce qui, à la fois, la sépare
et la rapproche de l’altérité.
  Cette communication s’appuie sur un étayage théorique emprunté à
Foucault (l’hétérotopie), Homi Bhabha (the third space), Lévinas
(l’extériorité), et sur des exemples littéraires (Fernando Pessoa et Clarice
Lispector).


Luise VON FLOTOW
« Le pouvoir expressif de l'exil »

  Pour Emine Sevgi Oezdamar, ecrivaine, actrice et dramaturge turque qui travaille en Allemagne depuis 30 ans, "l'exil" est un lieu de creation et de pouvoir. Et la traduction y joue un role important. Comme dans le travail de l'exile Ionesco, c'est le travail dans et sur la langue allemande, la langue de l'exil, qui l'importe. Oezdamar se sert de la traduction literale, de la traduction au plus pres du texte virtuel turque pour ecrire ses textes en allemand. Ma communication presentera son travail sur la lettre pour en degager les enjeux de creation et de pouvoir.